Les entreprises externalisent le recrutement des cadres

Les PME recourent moins que les grands groupes à des prestataires externes
Les entreprises françaises pratiquent moins l’externalisation que les sociétés des pays anglo-saxons et d’Europe du Nord. Selon une étude réalisée par le pôle executive du groupe Adecco sur le marché français de l’externalisation du recrutement et des prestations de conseils en informatique et en ingénierie, près de huit sociétés sur dix se sont déjà fait accompagner en matière de recrutement. Mais tous les secteurs n’ont pas la même démarche. L’industrie utilise le plus cette pratique. Elle devance la construction, la banque et l’assurance alors que le commerce adopte une attitude très réservée. L’externalisation est utilisée à 93 % pour embaucher des cadres loin devant la recherche d’employés (70 %) et d’ouvriers (38 %). La chasse aux talents difficiles à trouver parce qu’un nombre insuffisant de personnes possède l’expertise demandée pousse également les entreprises à travailler avec un prestataire externe dans l’industrie, les technologies de l’information et les télécommunications. Mais la très grande majorité des entreprises demande un service minimum. « Très peu de sociétés délèguent l’intégralité des étapes de leurs recrutements. Plus particulièrement sur les fonctions moins qualifiées et volumiques. Elles cantonnent les prestataires aux tâches chronophages à moindre valeur ajoutée comme la rédaction et la diffusion des annonces, explique Christophe Catoir, directeur général du pôle executive du groupe Adecco France. Le recours à un prestataire externe tient, sur ces publics, davantage de la relation client-fournisseur que d’une réelle relation d’externalisation.»
Cette situation s’explique également par l’importance du rôle des directions des ressources humaines. « Elles jouent un rôle plus important que dans les pays anglosaxons. Cela tient notamment à la complexité du droit du travail français», poursuit Christophe Catoir. Il existe également des différences très nettes selon la taille des entreprises. 80 % des sociétés employant plus de 500 salariés et 79 % de celles ayant entre 50 et 500 collaborateurs ont recours à l’externalisation du recrutement. Elles ne sont que 57 % quand elles comptent moins de 50 salariés. Partenariat
dans l’informatique « Les PME ne disposent pas des compétences humaines pour pratiquer l’externalisation. Les grandes entreprises choisissent de plus en plus l’externalisation pour gagner en réactivité et en flexibilité. Elles savent aussi mettre en place des cahiers des charges et réaliser un suivi qualité de leurs prestataires », analyse Christophe Catoir. La situation est totalement différente dans le conseil informatique et l’ingénierie. Près de neuf sociétés sur dix y ont recours. Là encore, plus l’entreprise est grande, plus elle sous-traite. Contrairement au recrutement, une relation de partenariat s’établit entre le client et son fournisseur. 81% des entreprises affirment faire appel à un prestataire externe depuis plus de cinq ans. 72 % jugent que leurs prestataires externes sont « intégrés ou fortement intégrés à l’entreprise ». En matière de formation, 30 % des entreprises se font accompagner. Les PME choisissent cette solution parce qu’elles n’ont aucune compétence dans ce domaine. Les plus grands veulent en priorité optimiser le coût des sessions proposées à leurs collaborateurs. ■
LE FIGARO lundi 17 février 2014